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La maison de la Gaieté était autrefois un
restaurant connu pour ses
décorations en mosaïques.
Elle fut aussi un bar où l'on pouvait danser et un cabaret où furent joué des pièces de théâtre ( celles par exemple de Goulebenèze, écrivain et poète charentais) et ceci jusqu'aux années 1970.
Elle fut aussi un bar où l'on pouvait danser et un cabaret où furent joué des pièces de théâtre ( celles par exemple de Goulebenèze, écrivain et poète charentais) et ceci jusqu'aux années 1970.
Elle fut créée entre 1937 et
1952 par son propriétaire Ismaël Villéger et son fils Guy (comme l'atteste la mosaïque de leurs deux noms sur le volet d'une des fenêtres).
Non seulement ils décorèrent la façade mais aussi le jardin et l'intérieur de la maison.
Les thèmes choisis sont essentiellement floraux (fleurs, bouquets, grappes de raisin, cerises)Non seulement ils décorèrent la façade mais aussi le jardin et l'intérieur de la maison.
On découvre deux fenêtres en trompe-l'œil, qui donnent sur la rue.
En 2014 il fut question de démolir cette maison mais en novembre 2014 une association d'amis a été fondée, qui a organisé une pétition pour sauver La Gaieté. Grâce à cette action , la Maison de la Gaieté a été ajoutée à l'Inventaire des Monuments Historiques le 8 aout 2015.
" Ce n'est pas une maison hantée. Pourtant, si rien n'est fait pour empêcher le désastre, pour sauver ce qui peut l'être, d'elle il ne demeurera plus, comme des grandes et belles villas romaines, que quelques murs fantômes. Ou un nom sur la carte, un lieu-dit. Une rue. La Gaieté a déjà la sienne. La rue de la Mosaïque. C'est un signe. Un signe vide qu'on aura bien du mal à remotiver quand la maison aura disparu. Quand de la façade il ne restera plus rien. Pas même un tesson. La Gaieté n'aura plus lieu d'être. Elle regagnera sa place dans le dictionnaire. Sa concession. On oubliera de la renouveler. Le mot gaieté fait déjà partie des obsolètes. Et la chose n'est pas moins désuète. Cette ivresse légère, à l'heure du binge drinking. Il faut être un peu poète pour siroter en silence, assis à la même table. L'époque réclame le changement. Elle a des désirs plus violents, le plaisir plus bruyant. La joie peut être discrète, mais elle passe de mode. Bientôt elle aura rejoint l'allégresse. La gaieté, sa vraie maison, c'est le cabaret. Ce cabaret de campagne, établi en bordure de route. La route a continué sans lui. Elle va, comme la prose quand elle suit son étymologie, droit devant. Les cabarets, s'ils furent des témoins de l'histoire, ne sont plus aujourd'hui que des traces. Comme les parquets. Qui songerait à mettre ses pas dans ces vestiges, ses mots? Les thés dansants? Les morts? Ils courent les dancing floors. Se précipitent pour la photo. Celle qui figurera dans la vitrine de l'agence. Parmi les affiches de biens immobiliers à vendre. Ce sont les âmes du Purgatoire. Elles sollicitent nos suffrages. Pour les gens, cela veut dire voter. Comme à la télé. Et c'est ce qu'ils ont fait récemment. Leur devoir. Ils ont élu un maire. Le nouveau maire de Chérac (un bourg viticole situé entre Saintes et Cognac) a décidé de faire table rase du passé. D'abattre ces trois palmiers qui prenaient feu en plein jour. Qui étaient, comme cette foutue maison, une menace. La Maison de la Gaieté est à vendre. C'est ce qu'il répète, sous son béret. Cher, le plus cher possible. Mais nous ne sommes pas venus l'acheter. Nous sommes là pour voir. Ce qu'un père et son fils ont fait de leur vivant. Et de leur vie. En recueillant, de 1937 à 1952, un million de cassons de vaisselle. En composant cette mosaïque. Avec le soleil, on se croirait à Barcelone. Devant des trencadis. C'est en effet un décor haut en couleurs. Et qui résume la vocation de ce café-restaurant installé au bord de la route. Une halte obligée, bien qu'elle ne figurât dans aucun guide, pour celui qui faisait du tourisme sans le savoir. Ou qui l'inventait, au sens archéologique du terme. Un jour qu'il fallait cueillir, et c'était le dimanche. Et
c'était tous les jours dimanche pour celui qui trinquait avec ses copains et jouait aux cartes, ce que raconte évidemment la façade. Il riait avec le roi des cocus, en rejouant Ces bons parisiens à la campagne ou Un mariage à la campagne (personnages et scènes qu'on retrouve dans la mosaïque), il s'évadait avec Claudy Nil dont le nom était à lui seul un voyage. Car on venait là poser ses fesses, se reposer, pour le spectacle et aussi voyager. On pouvait aimer les gens et les histoires du pays, et ne pas détester le dépaysement. On était, grâce à cette maison, de bonne compagnie. Des personnes resséantes et voyagères (aurait dit Montaigne). La Gaieté était un rêve. Comme la Maison de Pierre Loti à Rochefort. Mais ce n'était pas un rêve aristocratique. Ni surtout un mirage. C'était un rêve en dur, fait pour durer. Même si on ne s'y arrêtait que pour une nuit, ou pour quelques heures. Il était accessible à tous, à la portée de toutes les bourses. L'exotisme y était facile. Aimable. Et j'aimerais n'en parler qu'au présent. Inviter ceux qui me lisent à voyager avec cette maison. L'oeuvre d'Ismaël et Guy Villéger. Et un monument de l'art populaire. Il aurait sa place, avec le jardin de Gabriel Albert à Nantillé et celui de Franck Vriet à Brizambourg, tous les deux visibles depuis la route, dans un circuit de l'art naïf ou singulier, et constituerait, pour Saintes et sa région, un attrait touristique supplémentaire."
Denis Montebello
LE BLOG DE DENIS MONTEBELLO
UN AUTRE TEXTE DE DENIS MONTEBELLO
UNE VIDÉO
(cliquer)
* Un livre:
" Ce livre tient à la fois de l’essai, de la confession et de la promenade, d’une sorte d’errance délibérée, de vagabondage livresque. Évoquant le parcours des Villéger, le destin de leur étrange baraque, D. Montebello dévide le fil de ses propres souvenirs, de l’enfance lorraine, éden perdu, tel la maison, à la maturité, au milieu du Poitou."
* Une association :
Contacter l'association via Facebook : SUR FACEBOOK
ou 17 rue des Mosaïques
17610 Chérac
"Œuvres éphémères, œuvres fragiles, soumises aux aléas de la Nature, au mépris des vivants, les manifestations d’art brut disparaissent généralement sans bruit. Quelques passionnés défendent parfois ces créations spontanées au moyen d’une pétition, d’une mobilisation aussi restreinte que désespérée. Et puis plus rien. Le jardin merveilleux s’efface, rongé par la forêt, pillé, ou tout simplement détruit. L’ensemble de sculptures termine à la décharge, et tout le monde oublie. De rares « grandes » réalisations se maintiennent, tel le Palais idéal du Facteur Cheval, dans la Drôme, ou l’étrange Villa des cent regards, à Montpellier. Maçons, poètes du dimanche, autodidactes, et autres originaux finissent généralement dans le brouillard, loin des institutions officielles."
Et une belle nouvelle de dernière minute, qui date de février et que je dois à Laurent, un de mes amis Facebook ....
La Maison de la Gaité de Chérac a été rachetée par Julien Graizely, un artiste peintre.
Elle va être restaurée pour devenir un lieu culturel...
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