Festival : jouer petitement l'au-revoir


me suis tenue sur le seuil du jour, hésitante, me suis tenue avec ma gueule ravagée et mes presque rondeurs et forces, me suis tenue avec un grand désir de néant et un reste de désir de spectacles, me suis tenue face au catalogue des ne sais combien de centaines de spectacles du off, et de la liste, esquissée en première page, des dix que, par raison arbitraire ou par on dit, j'avais décidé que, peut être, je ne devrais pas accepter de me passer.
me suis souvenue qu'ensuite il y avait ce moment que j'aime, les retrouvailles des avignonnais autour du Tremplin jazz au cloître des carmes.
Ai pris le sac des draps sales, et m'en suis allée.

sous un ciel bleu à longues traînes paresseuses, dans l'air immobile, l'encore tiédeur, vers la FNAC où j'ai repris avec la très charmante jeune fille derrière son comptoir notre piapia de la veille, devant la scène du gymnase, en attendant que celui-ci se remplisse (étions tombées d'accord, dans les spectacles in qu'elle avait pu voir sur la petite déception du Maître et Marguerite, sur la force de tragédie d'Olivier Dubois http://brigetoun.blogspot.fr/2012/07/dernier-lundi-festival-brigetoun-en.html)
et puis, comme des gens arrivaient derrière moi, elle a consulté sa machine, découvert que, ce qui était malheureusement prévisible, le concert du 31 juillet, à cause du nom d'Ibrahim Maalouf, était complet, m'a vendu billets pour les concerts des 3, 4 et 5 : groupes consacrés mais moins connus (entre temps ce sont les concerts gratuits des groupes en compétition ou, tant pis, n'irai sans doute pas, trop de risque de bousculade)

ai repris mon sac, suis passée devant le Centre Européen de Poésie, ai renoncé à prendre un billet pour le spectacle Zanzotto, j'étais encore trop fluctuante, me suis contentée d'essayer de voir, à travers la vitre, les tableaux d'Yves Berger.

Ai continué, salué le taud des Pénitents blancs encore en place, et la belle poutre sculptée au coin de la rue de la Bonnetterie,

ai senti la chaleur qui commençait à peser sur nous, qui ricochait avec la lumière sur les dalles,

avant d'affronter, trop longtemps, en faisant la queue, la clim de la blanchisserie... me sentais petite chose minable dans cette queue... ai décidé de me limiter au soir, à un spectacle dont j'avais entendu parler dès les premiers jours, au théâtre des halles bien entendu,

ai présenté mes excuses une fois encore aux petites fresques de la rue du roi René si bien taguées depuis plusieurs années qu'elles sont condamnées à le rester

ai attendu qu'entrent les spectateurs de onze heures, et pris un billet – pour tenter de m'obliger à ne pas renoncer – pour les comédies tragiques à vingt deux heures (la clôture chez Alain Timar devrait me devenir tradition),

ai longé quelques uns de ces lieux qui ne sont plus théâtre ce matin,

ai souri, navrée de ne pas avoir pris temps pour eux, devant la parade de la Cour du Barouf, où n'irai pas cette année, et suis rentrée faire cuisine, mettre un peu d'ordre dans fichiers, ne pas toucher au vase communicant, me sentais en panne de mots ce jour, constater que le soleil ne touchait plus qu'à peine le sol de la cour, oublié pâtes sur le feu, et mangé le magma en résultant... mais trouvé vidéo de la cérémonie d'ouverture des jeux de Londres, vu en accéléré la première partie, trouvé cela passablement formidable, et surtout dooormi à en être moulue.
Ai découvert que Médiapart, entre autres, avait parlé des comédies tragiques de Catherine Anne... n'ai pas lu les critiques, ai juste relevé, pour la mettre ici, la regarder en rentrant, ou aujourd'hui, ou quand m'en viendra l'envie, l'adresse d'une vidéo (datant d'il y a un an)

Et suis partie, après avoir trouvé et mis dans mon sac une enveloppe et un petit paquet surprise, sous un ciel où la lune se voilait,

dans la belle animation des rues, reste du festival, mais surtout vie d'une ville du sud une nuit de samedi

jusqu'au théâtre des halles, au jardin, à l'ouverture de la lettre et du paquet, à la découverte de remplaçants à l'oiseau de l'assiette cassée, offerts par la lectrice que ne sais comment joindre pour la remercier, j'ai décidément de la chance, et elle devrait donner des leçons au facteur qui m'oblige à traverser la ville pour prendre un paquet

un des petits théâtres d'Alain Timar exposés dans le hall, que j'aime beaucoup.
Dérision, pour traiter avec brio de notre humaine condition, et de ce qu'en fait le monde actuel, la dive économie classique, ce qu'elle met dans les crânes, les âmes, les modes de gestion des services et de nous créatures, le sens des mots et les phrases préparées pour ne pas penser.
Du théâtre, du bon théâtre et un rire vengeur... quoique, à vrai dire la colère ou la détresse soit plus fortes que le rire – et les toutes petite scènes sont entrecoupées de moments où l'un des personnages dit ce qu'il pense, ce qu'il sent, qui n'a parfois rien à voir avec la crise, la recherche d'emploi, l'absurdité, qui est sentiment, ou poésie.
Une belle équipe d'acteurs

retour dans la nuit, en longeant les tables, en croisant les gens qui se promenaient, en famille ou la main dans la main.

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